Analyse de Crossroads de Cream (Robert Johnson cover)

Comme expliqué dans le cours sur les recettes pour bien jouer le blues, il faut en écouter beaucoup et essayer de s’en imprégner autant que possible. L’une des méthodes les plus efficaces pour bien saisir le style, outre l’écoute intensive, est d’analyser des morceaux. Nous allons donc nous attaquer à un monstre sacré, j’ai nommé « Crossroads », interprété par Cream, dont le chanteur guitariste n’est autre qu’Eric Clapton. Il s’agit en réalité d’une reprise du morceau génial et mythique de Robert Johnson, père du delta blues, et un des pères fondateurs du blues tel que vous le connaissez.

Avant de continuer, je vous laisse écouter la version live jouée au Rock and Roll Hall of Fame, qui est beaucoup plus lente que sa version studio et à mes yeux plus proche de l’esprit original de Robert Johnson.

1. Le rythme de crossroads

Le rythme utilisé est basé sur un shuffle. Le blog six.cordes.fr vous donne les bases du shuffle en A si vous n’êtes pas familier avec celui-ci. Il s’agit donc d’un rythme ternaire, que Clapton a choisi d’interpréter en intégrant une question-réponse sous forme de petit riff en A.

Si vous comparez la version live de cette vidéo avec la version studio, voue remarquerez que le tempo est beaucoup plus lent, ce qui confère à cette version un côté beaucoup moins rock et plus bluesy. Les accords sont sous forme d’accords de puissance (power chords), ce qui renforce le côté rock de l’interprétation.

2. Analyse harmonique de Crossroads – Cream

La grille harmonique utilisée est un quick-change très typique, que nous avons vu dans un cours précédent sur le blues en 12 mesures.

Alors que la version originale de Robert Johnson est en B, Cream a choisi de la jouer en A, probablement afin de permettre à Eric Clapton de pouvoir la chanter dans la tonalité de sa voix. Pour rappel, les accords de la cadence I – IV – V en A sont A – D – E.

Grille blues quick-change

Grille blues quick-change

3. Analyse mélodique de crossroads

Nous avons affaire ici à un blues des plus classiques. Le solo est entièrement joué en A mineur pentatonique, tout comme la mélodie du chant. Pour la petite histoire, le producteur Joe Boyd voulait enregistrer « Crossroad » de Robert Johnson alors qu’Eric Clapton préférait « Traveling riverside blues ». Il a donc intégré quelques passages de ce dernier titre dans la version de « Crossroads ».

4. Version originale

La version originale, sortie en 1937 et jouée en slide, est tout simplement superbe. Elle respecte moins bien les fondements de la grille blues telles que nous la connaissons aujourd’hui, c’est la raison pour laquelle j’ai choisi d’analyser la version de Cream afin d’éclairer la lanterne des apprentis guitaristes.

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